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© Philip Plisson / Pêcheur d'Images

A la découverte des phares du Morbihan

Patrimoine


Phare de Pen Men

Lueur à la fois crainte et réconfortante, le phare annonce la terre toute proche, qu'elle soit devant l'étrave du bateau ou quelque part, sous la surface ...

Erigée à la force de l'homme, cette tour de pierres veille sur les marins et guide les navires à emprunter le bon chemin vers le port, à éviter les écueils et contribue à confirmer leur position en mer.

Le mot phare est issu du grec pharos, nom de l'île où se trouvait l'un des premiers phares et aussi le plus célèbre de l'histoire : celui du port d'Alexandrie en Egypte.

A l'époque il s'agissait d'une haute tour où l'on entretenait, la nuit durant, un immense feu de bois.

Comme autre phare célèbre, celui du "bout du monde", à Ushuaia ou encore celui de Cordouan, le plus ancien phare français situé à l'embouchure de la Gironde.

Des mythes et des légendes se sont écrits à leurs sujets et à leur insu ; inscrits dans le coeur des marins du monde entier.

Par un éclat, un scintillement ou encore une occultation, sa puissante lumière est le fruit d'une technologie qui a évolué au cours des siècles.

Lentilles de verre, miroirs, huiles végétale ou animal, gaz et tout un enchevêtrement de rouages composent un complexe et savant mécanisme.

Autrefois, gardien de phare était un métier à la fois noble et rude. Un homme seul vivait durant plusieurs semaines dans les quelques mètres carrés d'une tour dont les pierres accrochées à un morceau de cailloux, pouvaient trembler sous les "gifles" d'une houle en furie et les hurlements d'un vent colérique.

Mais quelle inspirante plénitude que d'être le seul aussi à contempler, aux premières loges, la ronde du soleil, du lever pastel au flamboyant coucher, par mer belle à peu agitée.

Voici quelques phares remarquables qui guideront vos navigations en Bretagne sud, dans le Morbihan à bord d'un voilier de la flotte d'Iloria Bretagne :

Port Navalo : à l'entrée du golfe du Morbihan

Coordonnées : 47° 32' 52" N – 2° 55' 07" O.

Portée : 14,4 milles nautiques.

Signalement : 3 occultations groupées à 6 secteurs colorés blancs, rouge et vert.

Construit en 1891, automatisé en 1982, le phare de Port Navalo, du même nom que le port dont il balise l'entrée, est l'emblême de l'embouchure du golfe du Morbihan.

Il culmine à 31,80 mètres au dessus du niveau de la mer pour une hauteur de près de 19 mètres et son image est indissociable des pins parasols constituant sa cour sylvestre. Orienté à l'ouest, le soleil couchant l'habille d'une lumière mordorée particulièrement flatteuse...

Peint en blanc, agrémenté de blocs de granit, son sommet est de couleur verte (balisage tribord).

Lui faisant face : la tourelle rouge Kerpenhir, du nom de la pointe fermant le golfe à l'ouest.

Un très fort courant marin s'engouffre dans ce passage afin de "remplir" ou de "vider" cette petite mer intérieure. Il est donc chaudement recommander d'effectuer un calcul de marée avant d'y rentrer ou d'en sortir.

A savoir : la navigation de nuit dans le golfe du Morbihan est fortement déconseillée en raison de l'absence de balisage lumineux et elle est strictement interdite aux navires à moteur.

Si le phare de Port Navalo était un livre, il serait une encyclopédie du patrimoine maritime !

Témoin privilégié de la "semaine du Golfe", cet évènement nautique rassemble toute sorte de navires traditionnels, cinq jours durant, au mois de mai et ce tous les 2 ans. C'est l'évènement du patrimoine maritime le plus important du Morbian.

Le phare des Poulains : le plus photogénique !

Coordonnées : 47° 23' 18" N – 3° 15' 06" O.

Portée : 23 milles nautiques.

Signalement : 1 éclat blanc toutes les 5 secondes.

Le phare des Poulains porte le nom de la pointe nord-ouest de Belle-Île-en-Mer, située sur la commune de Sauzon et vient compléter la signalisation de l'île. Il trône sur une formation rocheuse plane, rattachée à l'île principale par une langue de sable recouverte à marée haute, par vives-eaux. 

Il est plus précisément une maison-phare construit en 1867 : la tour carrée s'élevant à 34 mètres ponctue le pignon ouest. Le tout est peint en blanc exceptées les chaînes d'angle en pierres. Le sommet du phare est rouge. Il a été relié en 1950 au réseau électrique et automatisé en 1987.

Depuis, le toît de la maison a été recouvert par 32 mètres carrés de panneaux solaires pouvant alimenter le phare 10 jours durant pendant les périodes sans soleil.

Durant la saison estivale la petite maison est ouverte au public et propose une exposition permanente sur la gestion de la protection du littoral.

A savoir : Le phare des Poulains balise toute la pointe nord ouest de l'île de ses dangers afin de contourner ces écueils sans risque.

Si le phare des Poulains était "une muse", il serait un des sujets favoris des peintres puis des photographes aériens.

Le phare des Birvideaux : celui qui s'est fait désirer

Coordonnées : 47° 29' N – 3° 1' O.

Portée : 10 milles nautiques.

Signalement : 2 éclats blancs toutes les 6 secondes.

Voici une histoire réunissant les meilleurs ingrédients d'un bon polar breton :

un phare qui est en fait une balise, des naufrages et leurs fantômes, un plateau rocheux qui serait en fait une île engloutie le tout baignant dans une atmosphère de malédiction houleuse ...

Situé entre les îles de Belle-Île-en-Mer et Groix, au large de la presqu'île de Quiberon, le plateau immergé en permance est très exposé à la houle du large, compliquant ne serait-ce que la construction des fondations. L'édification du phare des Birvideaux, qui se voulait initialement être une balise, a débuté en 1880 alors que le plateau n'était signalé que par deux bouées : une nord et une sud.

Les assauts de la houle faisaient irrémédiablement "chasser" les bouées et de nombreux naufrages eurent lieu sur le plateau pas ou peu signalé, créant sa légende ... La présence d'une solide balise s'imposait.

L'idée d'une tourelle en métal fut rapidement abandonnée au profit d'une tour octogonale en pierre. Surgit péniblement des eaux un phare ayant les caractéristiques d'un danger isolé : le corps de la tour est peint en rouge et noir et son signalement correspond également aux carctéristique de la balise.

Entre l'élaboration de divers plans et la première guerre mondiale, la mise en service du phare actuel d'une hauteur de 25 mètres et l'allumage de son feu au gaz se firent officiellement en septembre 1934, soit après 54 ans de chantier !

A savoir : le phare des Birvideaux concilie ce double rôle de danger isolé et de phare indiquant aux navires l'existance d'un plateaux rocheux à contourner.

Si le phare des Birvideaux était un dicton, il serait : "mieux vaut tard que jamais".

Pen Men : le phare du coureau de Groix

Coordonnées : 47° 38' 51" N – 3° 30' 33" O.

Portée : 29 milles nautiques.

Signalement : 4 éclats blancs toutes les 25 secondes

Il domine fièrement du haut de la falaise, la pointe du même nom située à l'extrême ouest de l'île de Groix. 

C'est dans une atmosphère indécise que s'est construit le phare de Pen Men.

La petite cité royale de Port-Louis entre rade et petite mer de Gâvres va se développer et prendre de l'importance avec notamment la création du port de Lorient. La nécessité plus que le souhait d'un balisage d'approche s'exprimera dès le 18ème siècle.

De l'engouement de projets successifs amorcés, malmenés par des catastrophes naturelles puis abandonnés, naîtra enfin la maison-phare actuelle dont la construction s'est achévée en 1839 pour une mise en service le 1er avril de la même année.

Ce n'est pourtant pas un "poisson d'avril" puisque du haut de cette tour carrée, peinte en noir sur sa partie supérieure et mesurant 23 mètres, pour une hauteur de 60 mtres au dessus du niveau de la mer; est émis le feu le plus puissant du Morbihan avec une portée à 29 milles nautiques soit 54 km.

L'édifice constitué de la tour et de l'enclos attenant seront classés monuments historiques en 2015.

A savoir : aujourd'hui, le phare de Pen Men est l'équivalent d'une "bouée d'atterissage" pour les bateaux accédant aux ports de Lorient et empruntant la passe ouest de la rade (notemment les navires de pêches et de commerce).

Si le phare de Pen Men était une chanson, ce serait "let it be" des Beatles.

 

Infos pratiques :

vous retrouverez toutes les caractéristiques des phares et informations de navigation dans le Bloc Marine, document nautique présent à bord de chaque bateau d'Iloria Bretagne.